Rome est pour moi une des plus belles et culturellement, une des plus riches capitales européennes avec Paris et Prague.
Rome, ville ouverte
En 1943, suite à la chute de Mussolini, les Allemands occupent Rome et la déclare « Ville ouverte ». Roberto Rossellini en fera dès 1945 le premier film italien néoréaliste de l’époque postfasciste. Une ville ouverte signifie, en temps de guerre, qu’elle ne peut servir d’objectif militaire, et donc n’être ni attaquée, ni bombardée, tant cette ville représente un patrimoine culturel qui doit être préservé.
Et de fait, Rome est riche d’au moins trois époques culturelles majeures :l’Antiquité romaine, la Haute Renaissance italienne, et l’Époque Baroque.
Mais ce terme de « Ville ouverte » évoque, pour moi, bien d’avantage l’atmosphère que je respire quand je me ballade dans Rome. Malgré l’afflux de touristes, je n’y éprouve jamais l’impression d’oppression, comme je peux par exemple la ressentir à Florence. Car Rome est constituée partout de grands boulevards arborés, de longues et larges artères, et surtout d’un très grand nombre de grandes places magnifiques, avec partout des ruines ou des édifices historiques grandioses, et de très nombreux endroits où se restaurer à tous les prix, où s’arrêter pour un petit apéro ou pour une glace à l’italienne.
Un peu de géographie
Depuis l’Antiquité, le centre de Rome en ses remparts est construit sur sept collines situées sur la rive gauche du Tibre ( le Vatican, par contre, est sur la rive droite). Au centre, deux collines où se déroulait l’essentiel de la vie politique et publique de la Rome antique : Le Capitole(la plus petite de ces 7 collines), où se trouvait le Sénat romain, et le Palatin, lieu de résidence de la plupart des empereurs. Entre les deux, les forums romains, lieux de manifestations publiques, de commémorations et de culte.
Entourant ces collines centrales, le Quirinal, où se trouve le palais du président de la république italienne, le Viminal, l’Esquilin, le Caelius et l’Aventin. Ces collines ne sont pas des montagnes. Elles ne font guère plus que 40 à 50 mètres de hauteur, et il est souvent difficile de les distinguer au milieu de l’habitat dense de la ville. Toutefois, en flânant dans Rome (ce que je recommande), on s’apercevra vite qu’on ne cesse de monter et descendre.
Les « incontournables »
J’appelle « incontournables », les lieux les plus connus de Rome et que la plupart des visiteurs ne restant que quelques jours aiment voir. Ce ne sont pas nécessairement mespréférences.
La Rome Antique
L’essentiel est concentré en plein centre, autour des collines du Palatin et du Capitole.
Le Colisée : c’est la plus grande des arènes romaines (suivie de celles de Vérone). C’est un édifice colossal qui comptait 50.000 places. C’est d’ailleurs ce qu’il signifie. On l’appelle Colosseo en italien. À sa construction, au premier siècle, entre 70 et 96, il s’appelait amphitéâtre Flavien, du nom de la famille impériale régnante lors de sa construction : les Flaviens. Il a été commencé sous Vespasien et terminé sous les principats de ses deux fils Titus et Domitien. A sa mort en 68, Néron était tombé en disgrâce, et son somptueux palais, la Domus aurea, ses jardins et son lac artificiel furent entièrement détruits. Seule la statue colossale de Néron a survécu pendant quelques siècles, juste à côté du Colisée. C’est d’ailleurs en réalité à elle qu’on doit ce nom de Colosseo.
Vespasien a voulu rendre la grandeur de l’endroit en y construisant cet édifice dédié aux spectacles pour le peuple, à l’endroit du lac de Néron. On pouvait y donner de somptueux spectacles, y compris nautiques (en emplissant l’arêne de plusieurs mètres d’eau). Il fut aussi très vite utilisé pour les combats de gladiateurs, et plus tard, comme on le sait, pour des spectacles de supplices, notamment des premiers chrétiens. Il se trouve juste à côté des forums romains, au pied du Mont Palatin. La voie par laquelle les généraux vainqueurs entraient sur le Forum pour y être accueilli en triomphe (la Via Sacra) passe devant. C’est ainsi qu’on y trouve, juste à côté, l’Arc de Triomphe de Constantin, et plus loin, à l’entrée des Forums, celui de Titus. Le Colisée doit absolument être visité avec un très bon guide, pour comprendre l’architecture, le fonctionnement et l’histoire du Colisée
Le Mont Palatin : en sortant du Colisée, et en passant à côté de l’Arc de Constantin, on monte sur le Mont Palatin. De nombreux empereurs y érigèrent leurs palais, dont Auguste, Tibère, Domitien ou encore Hadrien, car on y jouissait d’une vue sur toute la Rome impériale : le Colisée bien sûr, mais aussi les Forums, le Capitole, et, du côté opposé aux forums, le gigantesque Cirque Maximus, où avaient lieu les courses de chars. Ils assistaient ainsi aux courses depuis les terrasses de leurs palais. Le mot « Palais » vient d’ailleurs directement du mot « Palatin ». Aujourd’hui, il ne reste quasiment rien du cirque Maximus, si ce n’est une immense pelouse qui en épouse les contours et qui permet encore de se figurer ses énormes dimensions. Sur le Palatin, seules les ruines des palais d’Auguste et de Tibère se visitent encore. En quittant le Mont Palatin par le nord, on passe par les jardins Farnese, anciens jardins botaniques de Rome, des terrasses desquels, on a une magnifique vue sue les forums, et d’où on a également directement accès à ces forums.
Les Forums romains : on parle très généralement « du forum ». C’est la place publique de la Rome républicaine (jusqu’à Jules César) puis impériale (depuis le premier empereur, Octave-Auguste, jusqu’à la chute de l’Empire Romain d’Occident, en 476). C’est un lieu politique et religieux. Politique et religion sont d’ailleurs intimement liés chez les Romains, très pieux. Il est entouré de nombreux temples. La Via Sacra y aboutit, voie par laquelle les généraux vainqueurs entraient triomphalement sur le Forum, et devenaient des personnages des plus importants de la cité, et souvent de futurs empereurs. C’est près du forum que fut assassiné Jules César en 44 av. JC. On n’en connaît pas exactement l’endroit. Par contre, le lieu supposé de sa crémation est toujours visible.
Si on parle DES forums romains, c’est parce que plusieurs places ont par la suite été ajoutées au forum principal, tel le forum de Jules César, construit par Auguste, ou celui d’Auguste lui-même, ou encore celui de Trajan. La zone du Forum et de ses extensions se ferme sur l’Arc de Triomphe de Septime Sévère, au pied du Capitole.
N.B. Une visite combinée du Colisée, du Mont Palatin et des Forums est possible. Il vaut mieux réserver bien à l’avance ses billets sur l’un des nombreux sites internet de billetterie, car les files sur place sont très longues. Réservez aussi de préférence une visite guidée. Et surtout, ne pas se faire arnaquer par les nombreuses personnes qui guettent les touristes, et qui vous vendent des tickets à des prix prohibitifs ou se font passer pour des guides.
Le Capitole : C’est sur la petite colline du Capitole (Campidoglio, en italien), au nord des forums, que se trouvait le Sénat romain, aujourd’hui disparu. Aujourd’hui, on y trouve en son centre la très belle Piazza del Campidoglio, l’une des plus belles places de Rome, conçue par Michel-Ange, et au milieu de laquelle se trouve la statue équestre de l’Empereur Marc-Aurèle. On y accède par un escalier monumental situé à l’ouest de la colline. La place est entourée des Musées du Capitole, où sont collectionnées les plus belles œuvres de l’époque antique, ainsi qu’une pinacothèque ( = musée dédié à la peinture ) où on trouve des œuvres d’artistes majeurs des XVIe et XVIIe siècle.
A l’arrière des musées, vers le sud, on a également une très belle vue sur les forums, et on accède à la Roche Tarpéienne (Rupes Tarpea, en italien), non loin de là, d’où on précipitait les condamnés, principalement ceux accusés de haute trahison. De là vient l’expression « Il n’y a pas loin du Capitole à la Roche Tarpéienne », signifiant, qu’après les honneurs, la déchéance peut venir très vite.
Places, Fontaines et Boulevards
Piazza Venezia et Monument à Victor-Emmanuel II :
Juste au pied du Capitole, côté Nord, se trouve la Place de Venise (Piazza Venezia). Le Palais de Venise (Palazzo Venezia) la borde à l’ouest. Aujourd’hui Musée National, il fut le quartier général de Mussolini, d’où il haranguait les foules. Au sud de la place, juste au pied du Capitole, se trouve le gigantesque monument blanc à la gloire de Victor-Emmanuel II, premier roi de l’Italie réunifiée en 1861. Cet énorme monument fut érigé pour commémorer les 50 ans de la réunification italienne en 1911. Il abrite le musée de la réunification, et en son centre, la tombe du soldat inconnu. Des colonnes situées tout en haut, on jouit d’une large vue sur toute la partie antique de Rome. De par sa forme et ses dimensions démesurées, de nombreux romains donnent à ce monument le sobriquet de « machine à écrire ».
De la Place de Venise partent la Via del Plebiscito et surtout la longue Via del Corso, deux des artères commerçantes importantes de Rome.
Le monument à Victor-Emmanuel II est relié au Colisée par la très large Via dei Fori Imperiali, édifiée sous Mussolini, en 1932, pour commémorer les 10 ans du fascisme. Elle sépare le forum républicain à droite, des forums impériaux à gauche, est bordée de statues des personnages les plus importants de l’Empire romain, et relie symboliquement le siège de l’Italie fasciste au Colisée, symbole monumental de la Rome impériale.
Piazza Navona et la statue des Quatre Fleuves : c’est une des plus grandes places de Rome et des plus visitées. Elle est très allongée avec les deux extrémités en demi-cercles. Car elle a été construite sur l’emplacement du stade de courses de chars de l’Empereur Domitien, dont elle a conservé les dimensions exactes.
On y trouve trois fontaines : la fontaine de Neptune et la fontaine du Maure à ses deux extrémités, et surtout, en son centre, face à l’église Sainte-Agnès-en-Agone, la majestueuse fontaine des Quatre Fleuves, surmontée d’un des nombreux obélisques décorant les places de Rome, et toutes, bien évidemment, pillées en Egypte.
Cette fontaine a été conçue par le sculpteur majeur de l’époque baroque romaine, Gian Lorenzo Bernini(dit, en français, Le Bernin). Elle représente quatre personnages assis au-dessus des jets d’eau alimentant la grande vasque du bas. Chaque personnage a été sculpté par un artiste différent sous les ordres du Bernin, et représente 4 fleuves des 4 continents connus au XVIIe siècle : le Danube, représentant l’Europe, le Gange pour l’Asie, le Nil pour l’Afrique (le visage voilé, car on ne savait pas encore où était sa source), et le Rio de la Plata, pour l’Amérique, avec un sac d’où s’échappent des pièces d’or pour exprimer la richesse du nouveau continent.
Malgré l’affluence de groupes de touristes qui y passent, mais ne restent qu’un moment autour de la statue des Quatre Fleuves, la place est tellement larges et bordées de beaux établissements avec terrasses ensoleillées, que je la trouve particulièrement agréable pour y faire une halte quotidienne et s’y rafraichir à une terrasse, pour peu qu’on s’éloigne un peu de la fontaine centrale. C’est un de mes endroits préférés de Rome.
La Fontaine de Trevi : (Fontana di Trevi, en italien) s’appelle ainsi parce qu’elle est bordée par trois rues (tre vie). C’est une fontaine énorme de l’époque baroque tardive (1730) représentant Neptune dans un char de coquillages tirés par des chevaux ailés et des tritons. Elle surplombe une très grande pièce d’eau. La fontaine et la pièce d’eau occupent la majeure partie de cette place assez petite. Le reste est littéralement bourré de touristes, hiver comme été, à tel point qu’il est très difficile de s’y frayer un passage. Que font ils ? Ils s’assaillent sur le bord de la pièce d’eau (quand ils y arrivent) dos à la fontaine, et jettent une pièce dans l’eau par-dessus leur épaule, la tradition voulant qu’ils s’assurent ainsi de revenir un jour à Rome. Pour la petite histoire, avant le passage à l’Euro, les touristes y jetaient des pièces de quelques centimes de lires, ce qui ne représentait vraiment pas grand-chose. Mais chaque nuit, les sdf et les gamins venaient ramasser ces pièces pour se faire un peu d’argent. Après le passage à l’Euro, en 2002, la tradition a continué, mais avec des centimes d’Euros, ce qui représentait environ 500 fois plus. Les autorités romaines ont alors mis halte à cette pratique nocturne, et ont eux-mêmes collecté les pièces, qui représentent de l’ordre d’un million d’Euros par an, reversés à Caritas.
La popularité de la fontaine de Trevi vient bien sûr du film de Fellini, La Dolce Vita, dans lequel Marcello Mastroianni s’apprête à embrasser Anita Ekberg dans la fontaine, lorsque … A la mort de Mastroianni, en 1995, la ville de Rome voile les statues de noir.
Passez-y pour le folklore, si vous ne l’avez jamais vue, mais ne vous y attardez pas. L’endroit n’est vraiment pas intéressant.
Place d’Espagne : La Piazza di Spagna est une place relativement petite, au carrefour de plusieurs rues, dans le quartier des boutiques de luxe. C’est aussi une place assaillie par les touristes pour y voir la très belle fontaine construite par le père du Bernin, Pietro Bernini, qui représente une barque (Fontana Barcaccia). Un escalier monumental monte de la place vers l’église gothique Trinité-des-Monts, d’où on a une très belle vue sur la place et sur la Villa Medicis toute proche. La Trinité-des-Monts, la Villa Medicis et l’Eglise Saint-Louis-des-Français (proche de la piazza Navona) sont les trois lieux de Rome administrés par la France.
La Barcaccia (à gauche) et l’église de la Trinité-des-Monts (à droite)
Parenthèse historique : la papauté, la renaissance italienne, la haute renaissance, le maniérisme, la réforme et l’époque baroque.
Les papes doivent quitter Rome en 1309, sous la pression du Roi de France Philippe IV Le Bel. Celui-ci, ayant besoin de lever des impôts pour financer ses guerres contre les villes flamandes, taxe fortement le clergé français. Les papes de Rome s’y opposent, et en rétorsion, Philippe Le Bel force la papauté à quitter Rome et à s’installer en Avignon.
À leur retour à Rome en 1378, Rome est très dévastée et la pauvreté y est omniprésente. La vieille basilique papale, datant de l’Empereur Constantin est particulièrement délabrée. Dès leur retour, naissent des projets pour construire une nouvelle basilique. Mais les différents projets ne voient pas le jour, car d’autres priorités surgissent régulièrement, notamment la lutte contre les Ottomans, qui se rapprochent et prennent Constantinople en 1453.
L’Italie, à cette époque est divisée en cités-états indépendants. Rome fait partie des Etats du Pape. Le Sud (le Royaume de Naples et des deux Siciles) appartient à l’Espagne. Au Nord, les cités puissantes sont Milan, Venise, Ravenne et surtout Florence.
C’est à Florence que naît la Renaissance au début du XVe siècle (le Quattrocento), grâce au mécénat de riches marchands et de riches banquiers, dont les Médicis. La Renaissance italienne est une rupture avec l’art gothique, pour se rapprocher des valeurs artistiques et humanistes de l’Antiquité grecque. La Renaissance voit aussi l’apparition de façons plus naturelles de représenter le monde. La découverte de la perspective y jouera un grand rôle. Cette évolution artistique et humaniste se manifeste en architecture, en peinture et en sculpture. Les précurseurs sont les florentins Brunelleschi, en architecture, Masaccio, en peinture, et Donatello en sculpture. La perspective en tant que nouvelle façon de représenter l’espace, plus conforme avec notre vision binoculaire, est inventée par Filippo Brunelleschi. Elle sera ensuite théorisée par écrit par un autre architecte contemporain, Alberti. Brunelleschi est devenu célèbre pour sa première œuvre majeure, la coupole de la cathédrale Santa Maria dei Fiori de Florence. Cette église et sa coupole sont encore de type gothique, mais les règles de perspectives de Brunelleschi y sont déjà appliquées. Cependant, se sont dans des édifices comme l’église San Lorenzo de Florence, ou encore la chapelle des Pazzi dans la basilique Santa Croce, que ses règles de perspective et le retour vers la simplicité de l’architecture grecque créent la rupture avec le passé et donnent naissance à une toute nouvelle architecture épurée.
Masaccio, encore très jeune, adopte immédiatement la perspective de Brunelleschi dans ses peintures et rompt complètement avec le gothique. Il meurt malheureusement très jeune, à 27 ans, dans des conditions mystérieuses à Rome, et peu de ses œuvres nous sont parvenues. Il nous reste heureusement la somptueuse vie de Saint-Pierre décorant la chapelle Brancacci de l’église carmélite Santa-Maria del carmine dans l’Oltrarno, à Florence.
Et puis, le formidable sculpteur que fut Donatello, et que personnellement je préfère de loin à Michel-Ange. Il met aussi immédiatement en œuvre les règles de perspectives, sculpte les premiers nus en ronde-bosse depuis l’antiquité, et les façonnent pour y faire rebondir la lumière, et ainsi augmenter la perception du relief et des trois dimensions, en rupture complète avec la sculpture gothique. Son David en bronze, visible au musée du Bargello à Florence, est somptueux.
Les travaux de ces précurseurs engendrent un énorme enthousiasme chez de très nombreux artistes qui leur succède, et l’art de la Renaissance dépasse très vite les frontières de Florence. Ainsi Il Perugino (Le Perugin) à Pérouse ou Piero della Francesca sur les hauteurs d’Arezzo. De nouveaux mécènes aussi les soutiennent en dehors de Florence. Federico III da Montefeltro, Duc d’Urbino, devient un des mécènes les plus importants de cet art naissant. Montefeltro fera d’Urbino un autre pôle artistique majeur du centre de l’Italie, et surtout un carrefour de rencontre entre les artistes florentins, les artistes vénitiens et les artistes flamands comme Juste le Grand ou Hugo Van der Goes.
Parmi les artistes travaillant dans l’atelier de Federico de Montefeltro, un certain Giovanni Sanzio. Il donne naissance à un fils en 1483, qui ne connaitra pas Federico da Montefeltro, mort l’année précedente. Ce fils, Raffaello Sanzio(Raphaël) sera très vite orienté par son père vers la peinture. Il se retrouve très vite orphelin, de mère à 8 ans et de père à 11 ans. À 17 ans, il rejoint Le Pérugin à Pérouse en Ombrie. Il travaillera 4 ans avec Le Pérugin, sera évidemment fortement inspiré par son style, mais très vite l’élève dépassera le maître. En 1504, à 21 ans, il quitte Pérouse pour Florence, où il fréquentera assidument Michel-Ange et surtout Léonard de Vinci, tous deux ses ainés.
Léonard de Vinci, à cette époque, révolutionne l’art de peindre. Il s’écarte de la perspective classique par lignes de fuites pour disposer personnages et objets sur différents plans, en adaptant leur grandeur à la distance. Mais surtout, il prend conscience que l’air ambiant fait partie intrinsèque de la perception que notre œil a des choses. L’air crée de légères diffractions qui estompent quelque peu le contour des personnages et des objets, et cet air aussi altère les couleurs au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’avant-plan. Au plus on s’éloigne, au plus l’air estompe les contours et au plus les couleurs froides, les bleus et les verts dominent. Léonard a révolutionné l’art de représenter un espace à trois dimensions sur une toile en créant le sfumato(l’estompé). Raphaël appliquera le sfumato de Léonard, mais de façon plus modérée que lui. Car Raphaël a le souci du détail. Il attache, plus que quiconque, une importance prépondérante au dessin. Un sfumato trop affirmé l’empêche de capter ces détails.
Nous l’avons vu, Michel-Ange est appelé à Rome par Jules II pour peindre le plafond de la chapelle Sixtine. Après un siècle de tergiversations, Jules II décide aussi d’entamer les travaux d’une nouvelle basilique pour remplacer celle de Constantin devenue vétuste. Jules II est un della Rovere, la famille ducale régnant à ce moment sur Urbino. Tout naturellement, il fait appel à un architecte de renom aussi originaire d’Urbino. Il s’agit de Bramante. Bramante établi les plans et entame les travaux de la nouvelle basilique Saint-Pierre. Jules II voulant aussi refaire toutes les fresques des salles de réception des appartements, Bramante lui conseille de faire venir un jeune peintre de 25 ans, originaire comme eux d’Urbino. Raphaël se retrouve donc aussi à Rome. La façon de représenter l’espace a fortement évolué vers plus de réalisme. Au début de ce nouveau siècle, le Cinquecento, le pôle de l’art s’est déplacé de Florence vers Rome, bien que Léonard n’y déménagera pas, mais au contraire suivra François Ier en France et que Sandro Botticelli restera à Florence. C’est cette période qu’on a nommé Haute Renaissance. On considère qu’elle se termine avec la mort de Raphaël en 1520, (mort jeune du paludisme attrapé en recensant les antiquités romaines dans les souterrains de Rome. Ensuite, le sac de Rome par les troupes de Charles Quint créera une émotion telle que la peinture et la sculpture en sera une nouvelle fois affectée. On s’éloignera du naturalisme de la Renaissance pour représenter les corps dans des positions plus torturées, s’éloignant des attitudes naturelles, et exprimer ainsi d’avantage les émotions. C’est la période maniériste qui commence et qui durera jusqu’en 1580 environ.
Pendant ce temps, la basilique Saint-Pierre se construit. Bramante meurt en 1514. De nombreux architectes lui succéderont, dont Raphaël, et dont Michel-Ange. La basilique est terminée en 1590.
Les travaux ont couté extrêmement cher. Pour financer les travaux, la papauté invente le système des indulgences. Il s’agit de billets valant des années de remise de purgatoire après la mort. Le clergé en fait le commerce auprès de riches croyants crédules. Il s’agissait évidemment d’une escroquerie à grande échelle, mais la volonté de puissance de la papauté était à ce prix.
Des chrétiens ont commencé à protester contre ces pratiques et voulaient que l’Eglise se réforme pour revenir à plus de moralité. L’un de ces groupes était dirigé par Martin Luther dans le Saint Empire Romain Germanique, et aussi de Calvin à Genève. A aucun moment, du moins au début, il ne s’agissait de créer une nouvelle religion, mais d’apurer les pratiques de la religion chrétienne et de la papauté.
Néanmoins, les papes voyaient leur puissance menacée, et les protestants ont été jugés hérétiques. S’en sont suivies les guerres de religion du XVIe siècle, conduisant notamment en France au massacre de la Saint Barthélémy. Un schisme s’est donc produit, et le protestantisme est né de ces excès.
La papauté, toutefois, a elle-même remis en cause les pratiques telles que le commerce des indulgences, et a estimé qu’il fallait revoir en profondeur les pratiques du culte pour freiner les fuites de fidèles vers le protestantisme et développer des règles et méthodes renforçant la foi. Un concile fut organisé dans la ville de Trente, pour établir ces nouvelles règles de la pratique religieuse. Ce concile de Trente débuta en 1542, et se termina en 1563. Le concile de Trente aboutit à un ensemble de mesures, appelées Contre-Réforme, destinées à renforcer la foi. Un ordre religieux est créé sous l’impulsion de l’Espagnol Ignace de Loyola pour contrôler la mise en place et le respect de la contre-réforme. Cet ordre est la Compagnie de Jésus, autrement dit les jésuites. La contre-réforme vise principalement à rendre omniprésente la représentation de Jésus, de la Vierge et des Saints lorsque les fidèles assistent aux offices. Des retables sont créés derrières tous les autels, constitués d’un ensemble de peintures pieuses, souvent peintes par des artistes de grand renom. La musique participe aussi grandement à la spiritualité. La première église des jésuites, l’église de Gesù, est construite tout près de la Piazza Venezia. Son autel et son retable sont surélevés pour être mieux vus par les fidèles, la chaire est placée à mi-distance dans la nef pour que le prêche ait lieu à proximité des fidèles. L’église est surmontée d’une coupole, et la façade est plane e dépouillée, surmontée d’un fronton. La plupart des églises du XVIIe siècle s’inspireront du plan de cette église de Gesù. L’art, qu’on appellera par la suite Art baroque, peinture baroque, musique baroque est né. Cette période baroque qui imprégnera non seulement la pratique religieuse mais aussi tous les arts majeurs, durera environ de 1580 à 1730, et verra l’émergence de nombreux artistes, peintres, sculpteurs et musiciens de grand renom, dans toute l’Europe. Le Caravage (Caravaggio), dont nous reparlerons, se situe à la charnière entre la Renaissance et le Baroque. Il se réclame des artistes de la Renaissance, mais ses procédés picturaux révolutionnaires influenceront beaucoup de peintres baroques qui viendrons après lui.
Le Vatican
N.B. Il y a deux parties à visiter au Vatican. La Basilique Saint-Pierre et les Musées du Vatican. Il est aussi hautement recommandé de réserver à l’avance sur Internet. Il est possible de se procurer un pass de deux jours, en achetant un billet coupe-file pour la basilique, tant la file peut être très longue.
Les Musées du Vatican : ces musées sont immenses et regorgent de richesses. Le lieu de loin le plus connu est bien évidemment la chapelle Sixtine, au plafond peint par Michel-Ange entre 1508 et 1512. Elle fut inaugurée en 1512 par le pape Jules II, celui-là même qui avait appelé Michel-Ange, le Florentin à Rome.
Michel-Ange sera rappelé près de 30 ans plus tard, à l’âge de 60 ans, par le pape Clément VII, pour peindre cette fois la fresque du jugement dernier sur le mur derrière l’autel. En 30 ans le style pictural de Michel-Ange a bien évolué et est influencé par le courant majeur de l’époque. Nous ne sommes plus à l’époque de la Haute Renaissance, mais à celle du maniérisme, et le Jugement Dernier est clairement une œuvre maniériste. Depuis sa dernière restauration au cours des années 80, on peut en observer les couleurs étonnantes de cette fresque, couleurs typiques du maniérisme, et pour beaucoup, dues au développement de nouveaux pigments, amenés en grande partie par les grands maîtres de la couleur que furent les peintres vénitiens : des roses pastel, des jaunes citron, beaucoup de lapis-lazuli, des violets saturés, à la manière du Tintoret.
N’oublions pas quand même d’admirer les fresques des murs latéraux, dues à ces autres grands maîtres de la Renaissance que furent Le Pérugin, Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio et Cosimo Rosselli
N.B. Si vous ne comptez visiter que la chapelle Sixtine et la basilique, il est bien sûr possible de le faire en un jour. Toutefois, pour profiter pleinement de la chapelle en évitant la foule, il est préférable de s’y rendre immédiatement dès l’ouverture des musées, et d’acheter un billet coupe-file pour la basilique, car la file risquera d’y être très longue, après la visite de la chapelle.
L’autre œuvre magistrale des musées du Vatican, ce sont les Chambres de Raphaël (Stanze di Raffaello, en italien). Ces quatre chambres faisaient à l’époque partie des suites de réception des appartement pontificaux. Ces quatre chambres ont été recouvertes de fresques par Raphaël et ses élèves. Les travaux ont duré de 1508 à 1524, soit 4 ans après la mort de Raphaël en 1520. D’ouest en est, il s’agit des chambres de l’Incendie du Borgo, de la Signature, d’Héliodore, et de Constantin. Les fresques qui recouvrent les murs de ces quatre chambres comptent parmi les œuvres les plus prestigieuses de la Haute Renaissance, et ont créé la notoriété de Raphaël, de son vivant. Mort a seulement 37 ans, il est inhumé au Panthéon de Rome, et a été considéré jusqu’au XIXe siècle comme le peintre le plus essentiel de l’histoire de la peinture. Les jeunes générations d’aujourd’hui le connaissent peu, au contraire de Michel-Ange et de Léonard de Vinci, mais il faut dire que ces derniers ont vécus respectivement 89 et 67 ans, alors que Raphaël est décédé jeune à 37 ans, avec déjà une grande œuvre picturale derrière lui. Nul doute que s’il avait atteint la vieillesse comme ses deux illustres contemporains, son art n’aurait fait qu’évoluer, et qu’il serait encore aujourd’hui dans toutes les mémoires.
Nous allons décrire ici deux des fresques principales des Chambres de Raphaël,
Chambres de Raphaël : L’École d’Athènes
L’École d’Athènes est une des œuvres maîtresses de Raphaël. Elle se trouve dans la salle des Signatures, la première chambre décorée par Raphaël. Cette illustration de la Philosophie permet à Raphaël de rassembler les figures majeures de la pensée antique à l'intérieur d'un temple idéal, inspiré du projet de Bramante pour la réalisation de la basilique de Saint-Pierre à Rome. Il les incarne par les illustres artistes de son temps (et de lui-même) faisant ainsi de la Rome moderne l'équivalent de la Grèce antique.
Au centre, on trouve Platon à gauche, la main tournée vers le ciel, expliquant l’origine du monde, et à droite, Aristote, la main vers la terre, exprimant l’empirisme de sa pensée.
Au premier plan, on retrouve, à gauche, du côté de Platon, les théoriciens, dont Pythagore, écrivant dans son livre, et à droite, sous Aristote, les empiriques, dont Euclide, penché sur son ardoise, sous les traits de Bramante. Isolé au centre appuyé sur un bloc de marbre, Héraclite, le philosophe pessimiste, sous les traits de Michel-Ange, qui était à ce moment à Rome, peignant le plafond de la chapelle Sixtine, et qui était lui aussi connu pour son caractère bourru. L’autre personnage isolé, allongé sur les marches est Diogène de Sinople.
De nombreux ouvrages décrivent en détail cette œuvre majeure de Raphaël. On en trouvera déjà une bonne description sur Wikipédia.
Chambres de Raphaël : L’Incendie du Borgo
L’incendie du Borgo est une autre fresque monumentale de Raphaël, peinte dans la seconde chambre qu’il a décorée, avec l’aide de ses élèves, et qui, depuis, porte le nom de Chambre de l’Incendie.
La fresque relate un événement s’étant produit en 847. Le Borgo, le quartier de Rome situé entre l’ancienne basilique de Constantin et le Tibre était totalement en flamme, et le peuple réclamait la bénédiction du pape Léon IV (son nom est inscrit sous le balcon d’où il bénit le Borgo en flamme, d’un signe de croix).
On reconnaît tout au fond, l’ancienne basilique de Constantin, tandis que le pape, de façon anachronique, se trouve sur une terrasse trilobée de style renaissance.
L’innovation recherchée par Raphaël, est de ne pas placer le personnage important le pape, à l’avant de la fresque, mais au contraire, à peine visible dans le lointain, tandis que l’accent est mis sur la dramaturgie de l’incendie.
Les références à l’Antiquité sont à nouveau omniprésentes, non seulement de par les éléments architecturaux, les colonnes corinthiennes au centre, et les colonnes ioniques à droite, mais aussi par la présence du trio de gauche, qui représente Énée portant son père Anchise, accompagné de son fils Ascagne. Cet élément relie Rome à la ville de Troie en flamme, de laquelle, selon l’Énéide d’Ovide, Énée s’échappe ainsi portant son père en compagnie de son fils. Énée selon le récit d’Ovide est à l’origine de la création de Rome, reliant ainsi les Romains aux Troyens, ennemis des Grecs.
Avec cette fresque, Raphaël fait clairement évoluer son style, et ouvre la voie au maniérisme. C’est particulièrement évident en observant le personnage nu accroché au mur, dans une position mettant sa musculture en évidence, et dans l’attitude des femmes au centre de la toile, au premier plan.Autres salles des Musées du Vatican
S’il vous reste du temps, n’hésitez pas à déambuler dans les nombreuses autres salles des Musées. La salle des cartes, par laquelle on passe obligatoirement pour se rendre à la chapelle Sixtine, est très intéressante, car elle nous montre comment on se représentait le monde connu à l’époque.
IL existe de nombreuses richesses que personnellement je n’ai pas vues car elles n’éveillaient pas mon intérêt, telles que bien sûr, de nombreux vêtements ou objets liturgiques ornés de nombreuses pierres précieuses, mais aussi des salles de collections comme des céramiques chinoises … ou même des expositions temporaires de peintres contemporains ou du XIXe siècle.
La pinacothèque des musées du Vatican, qui compte 18 salles, vaut presque une visite à elle seule, tant elle compte de chefs d’œuvres depuis le XIVe siècle, jusqu’à l’époque baroque : de mémoire, Giotto, Fra Angelico, Le Pérugin, Filippo Lippi, Raphaël, Léonard de Vinci, Le Titien, Véronèse, Le Caravage, Nicolas Poussin et plusieurs autres.
La Basilique Saint-Pierre :
Je dois bien avouer que ce que j’aime surtout à la basilique Saint-Pierre, c’est son immense place elliptique construite par le Bernin, au milieu du XVIIe siècle, en pleine époque baroque, bien après la fin de la construction de la basilique elle-même. Cette ellipse mesurant 340m sur 240m est entourée d’une élégante galerie de 4 rangées de colonnes doriques en travertin, surmontée d’une balustrade décorée de 140 statues. L’obélisque centrale, ancien obélisque du Circus Vaticanus en est le point d’orgue, dont la présence majestueuse est mise en valeur par les cercles concentriques blancs et les lignes radiales blanches. La beauté du lieu est encore accentuée par les deux fontaines jumelles situées à droite et à gauche de l’obélisque. Le Bernin a prolongé cette place par un plan incliné montant vers les marches de la basilique, accentuant ainsi l’effet de perspective attirant le regard vers l’édifice.
Quand on entre dans la basilique, on passe d’abord par un narthex, galerie couverte précédant l’entrée proprement dite. Puis il est vrai qu’on est frappé par l’immensité de l’endroit, la plus grande église au monde. J’y venais surtout pour y voir l’architecture dessinée par Bramante au début du XVIe siècle, architecture inspirée du Panthéon romain, mais où, contrairement au Panthéon, la coupole n’est pas supportée par des murs porteurs mais par quatre piliers gigantesques. La coupole est splendide, et tout comme celle de Brunelleschi à Florence, elle est constituée de deux coupoles superposées séparées par un vide, mais s’appuyant conjointement sur les piliers. Malgré les nombreux architectes successifs tout au long de sa construction qui dura pratiquement tout le siècle, le plan initial de Bramante n’a été que très légèrement modifié. On y retrouve les bras en forme de croix grecque voulue par Bramante (4 bras de longueur identique) et terminés par des extrémités arrondies. Seule la nef, par laquelle on pénètre a été légèrement prolongée. Les déambulatoires latéraux sont également éclairés par des oculi aux centres de jolies petites coupoles.
Pour le reste, malheureusement, je n’aime pas du tout l’ambiance intérieure due à la décoration par des statues immenses et franchement très loin d’être des chefs-d’œuvre. Même les immenses statues du Bernin n’apportent rien à l’austérité de l’endroit. Il en est de même pour cet affreux baldaquin, du aussi au Bernin, surmontant l’autel situé au croisement des quatre bras.
La seule splendeur artistique de ce lieu, la Pietà de Michel-Ange, dont il faut pouvoir admirer les détails morphologiques du corps du Christ mort, muscles, tendons, veines … se trouve malheureusement dans une cage vitrée dans la première chapelle à droite de l’entrée, et dont on ne peut s’approcher à moins de 10 mètres. Autant dire, qu’on ne voit RIEN. L’autre œuvre importante, la statue équestre de Constantin, par Le Bernin, se trouve derrière une porte fermée à l’extrémité droite du narthex, et il faut être invité pour la voir.
En résumé, à l’exclusion de la place, et de l’architecture d’ensemble, la basilique Saint-Pierre ne m’a absolument pas plu, et j’ai considéré cette visite comme une perte de temps, à l’inverse des musées du Vatican.
La Villa Borghese
La Villa Borghese est un parc de 80 hectares au nord de Rome. Outre le fait qu’on y trouve des endroits d’animation pour les enfants, des établissements pour se désaltérer, de nombreux très beaux arbres et de grandes allées, la Villa Borghese contient également plusieurs musées prestigieux. Notamment la Villa Médicis, qui héberge l’Académie de France à Rome, la Villa Giulia, le musée national étrusque, et la Galerie Borghese où sont rassemblés une pléthore de superbes œuvres d’art de l’époque hellénistique, de l’époque romaine, et des XVIe et XVIIe siècles.
On y arrive en continuant vers le nord depuis l’église de la Trinité-des-Monts. On passe devant la Villa Médicis, et on entre dans le parc par l’entrée principale située au coin suivant. Prendre du temps pour se ballader dans le parc avant ou après avoir visité la Villa Giulia (que je n’ai pas eu le temps de voir, mais où se trouvent des pièces étrusques magnifiques, que j’ai étudiées à mes cours d’histoire de l’art) et/ou la Galerie Borghese.
La Galerie Borghese
Il faut impérativement réserver ses billets d’entrée, sur le site de la Galerie ou sur d’autres sites de billetterie, pour éviter les files. Les heures d’entrée sont fixées et ont lieu toutes les deux heures. Ce qui signifie qu’on est censé visiter le Galerie Borghese en deux heures. Ce qui est d’ailleurs suffisants.
Les points forts sont une salle complète dédiée au Caravage, des œuvres de Raphaël ( la Descente de Croix, et la Dame à la Licorne, entre autres), et surtout ce qui constitue probablement les plus belles sculptures du Bernin, l’Enlèvement de Proserpine, le David du Bernin, et Apollon et Daphné. Ajoutons des œuvres du Pérugin, de Rubens, du Corrège, de magnifiques pièces antiques, et ce superbe tableau flamand de Gerrit Van Honthorst, le Concerto, datant de 1653, représentant un groupe de musiciens en train de répéter.
Le clou de la visite est pour moi, l’Enlèvement de Proserpine du Bernin. Cette œuvre maniériste en marbre de Carrare occupe le centre d’une des pièces. On y voit Pluton soulevant Proserpine, qui se débat et le repousse d’un bras, tandis que Cerbère, le chien à trois têtes gardant les enfers, monte la garde. Deux traits de génie dans cette œuvre : la petite larme à l’œil de Proserpine, et surtout le réalisme des doigts de Pluton s’enfonçant dans la chair de la cuisse de Proserpine.
Première rangée : à gauche, Villa Borghese ; à droite, salle du Caravage
Seconde rangée : à gauche, Raphaël, déposition du Christ ; à droite, Gerrit Van Honthorst, le Concerto
Troisième rangée : Le Bernin, l’Enlèvement de Proserpine, vue avant, vue arrière et détail
Le Caravage :
artiste romain par excellence du début de l’époque baroque à Rome, il y a laissé de nombreuses œuvres.
Nous avons déjà vu qu’on pouvait trouver de nombreuses œuvres du Caravage à la Galerie Borghese ainsi qu’aux pinacothèques du Vatican et du Capitole, mais on peut aussi entrer gratuitement dans certaines églises et y trouver des œuvres du Caravage parmi ses plus célèbres.
Le Caravage (Michelangelo Merisi)
Né en 1571 à Caravaggio - Mort en 11610 à Porto Ercole
Le Caravage, de son vrai nom Michelangelo Merisi, naît à Caravaggio en Lombardie en 1571. Très tôt orphelin de père il grandit au sein d’une famille aisée.
Il entre en 1584 en apprentissage dans l’atelier du peintre Simone Peterzano à Milan qu’il quitte au bout de quelques années. C’est sans doute là qu’il acquière sa sensibilité pour le traitement réaliste, caractéristique de l’école lombarde de l’époque.
En 1592 il part pour Rome et rejoint l’atelier du peintre maniériste Cavalier d’Arpino où il est chargé de peindre des natures mortes de fleurs et de fruits, motifs qu’il utilisera toute sa vie et qui deviendront quasiment une marque de sa production artistique. Son style se révèle et son talent se fait vite remarquer. N’ayant pas les moyens de payer des personnes pour poser, il peint en se servant de lui-même comme modèle. (Le Jeune Bacchus malade, par exemple est un autoportrait. Ses tableaux rompent déjà avec la tradition maniériste en proposant une lecture immédiate de l’image où le sujet, prit sur le vif, est figé dans l’instant comme s’il avait été “photographié“, concept visuel nouveau et inventé par le jeune artiste.
Dans ses scènes présentant des personnages mythologiques, religieux ou traditionnels il s’écarte également de la manière de la renaissance en les représentants sous l’apparence de personnes “réelles“, telles qu’il les rencontre dans son quotidien : sans aucune idéalisation, souvent vêtues de façon contemporaine et suggérant des traits de caractère appartenant plus au modèle qu’au personnage représenté.
Caravage aborde ensuite la peinture de genre qui deviendra grâce à lui un des thèmes majeurs du XVIIe siècle. Son style arrive à maturité, portant l’héritage du maniériste pour la composition, de l’école lombarde pour le réalisme lié à l’utilisation de la couleur et de la lumière et de l’influence de peintres vénitiens tels que le Titien, Giorgione ou Lorenzo Lotto pour les ambiances intimes et nocturnes.
Si l’anticonformisme en peinture au début du XVIIe siècle consiste, sous l’influence des Carrache, à s’éloigner du maniérisme en se rapprochant du modèle classique de Raphaël et Michel-Ange, Caravage en propose un nouveau basé sur l’étude de la réalité, tant au niveau du fond que de la forme, qu’il oppose à l’étude traditionnelle du savoir. Ses personnages sont humains, dans leur apparence autant que dans leurs émotions : la joie, le courage, la volonté, la peur, la surprise, la violence, sont autant d’attributs dont le Caravage pare ses personnages et offre à la lecture du spectateur.
Tant de nouveautés ne lui confèrent pas un accueil favorable de la part de la majorité des adeptes de l’art mais il est néanmoins soutenu par un certain nombre, conscient du génie de l’artiste. Il reçoit alors de nombreuses commandes de la part de dignitaires religieux pour la décoration de leur chapelle.
A partir de 1600 environ il peint ses plus grands chefs-d’œuvre et commence à connaître la célébrité.Néanmoins son caractère agressif et coléreux finit par jouer en sa défaveur. Caravage est un homme violent, il se bat régulièrement, séjourne quelquefois en prison, et va même jusqu’à tuer. Il aime s’habiller à la manière des riches, et même si ses vêtements sont déchirés cela ne fait qu’ajouter à son goût de l’exubérance et de la provocation.Contraint de partir de Rome pour fuir des représailles à la suite d’un meurtre en 1606, il mène alors une vie d’errance. Il se réfugie à Naples où il continue à peindre pour des commanditaires privés.
Il part ensuite à Malte en 1608 où le Grand Maître de l’Ordre de Malte le fait Chevalier en hommage à son talent. Il en est vite renvoyé, en raison d’une altercation grave avec l’un des membres de l’Ordre. Il s’évade de prison et part pour la Sicile jusqu’en 1609. Il décide ensuite de revenir en Italie où le pape aurait abandonné les poursuites à son égard et lui aurait pardonné.
C’est sur le chemin du retour, en Toscane, à Porto Ercole, sur la presqu’île de Monte Argentario, qu’il trouve la mort à l’âge de 39 ans. L’on ne sait pas s'il a succombé à une fièvre alors qu’il traversait des marais sur la route de Rome ou si d’anciennes connaissances ont su profiter de son retour pour se venger d’affronts passés.Le Caravage aura laissé aux générations suivantes un héritage artistique des plus importants. Il a non seulement rompu avec la manière de son époque mais il a surtout permis à l’art de prendre une direction nouvelle. Si Giotto et Masaccio qui ont permis l’évolution de l’image gothique à la renaissance, Caravage a inventé une grammaire et un vocabulaire pictural entièrement nouveaux qui serviront de base à la peinture baroque dans un premier temps mais également à tous les mouvements des siècles à venir dont l’objectif sera de rendre en image la vérité telle qu’on la voit et de l’interpréter avec toute la force de la passion mais sans aucun compromis.
Église Saint-Louis des Français :
Située entre le Panthéon et la Piazza Navona, c’est l’église nationale des Français à Rome. La place qui l’entoure est d’ailleurs très imprégné de culture française, et on y trouve notamment la meilleure librairie française de Rome
L'œuvre la plus célèbre de l'église est sans conteste le cycle de peinture ornant la cinquième chapelle de gauche, la chapelle Contarelli. Cet ensemble, réalisé par Le Caravage de 1599 à 1602 sur une commande du cardinal Matthieu Contarelli, est consacré à la vie de saint Matthieu. Trois tableaux illustrent ce cycle : à gauche La Vocation de saint Matthieu, en face Saint Matthieu et l'Ange qui constitue le retable, et à droite le Martyre de saint Matthieu.
La basilique paroissiale Santa Maria del Popolo
Cette basilique se trouve sur la très belle Piazza del Popolo, au pied des jardins de la Villa Borghese. De cette place, on peut en passant entre les églises jumelles de Santa Maria in Montesanto et Santa Maria dei Miracoli, rejoindre le long Via del Corso pour rejoindre la Piazza Venezzia.
Dans cette basilique Santa Maria del Popolo, la chapelle Cesari comporte deux Caravage célèbres datant de 1601 : sur le mur gauche, la Crucifixion de Saint Pierre, et sur le mur droit, la Conversion de Saint Paul.
Du côté opposé, on trouve aussi une chapelle réalisée par Raphaël, avec une très belle coupole dont les mosaïques sont de Luigi de Pace (1516)
A gauche : Crucifixion de Saint Pierre. A droite : Conversion de Saint Paul.
Le Panthéon
Le Panthéon romain se trouve dans le quartier situé entre la Via del Corso et la Piazza Navona. Il fut construit au premier siècle sur l’ordre de l’Empereur Agrippa. Endommagé par plusieurs incendies, il fut reconstruit sous Hadrienau début su second siècle. Il était un temple dédié à toutes les divinités antiques.
Au VIIe siècle, il fut converti en église, et abrite aujourd’hui les tombeaux de personnages célèbres, tels que le peintre Raphaël, décédé à Rome en 1520, le premier roi d’Italie Victor Emmanuel II et le roi Umberto I.
La place située devant le Panthéon est très animée et constitue un endroit agréable pour y manger en soirée.