Le portique du Spedale degli Innocenti

sur la piazza della Santissima Annunziata
Chef d'oeuvre de Brunelleschi de 1424

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hopital des innocents

 

Je ne l'ai pas visité. Ce sera pour un prochain séjour à Florence. Néanmoins, je tenais à en voir sa façade donnant sur la piazza della Santissima Annunziata, car c'est un des chefs-d'oeuvres architecturaux de Florence, la toute première architecture de type renaissance, réalisée par Filippo Brunelleschi (1377-1446), qui lui fut commandée par l'Arte della Seta (la corporation des métiers de la soie et les orfèvres - cf chapitre Orsanmichele), pour y accueillir, comme son nom l'indique, les orphelins et enfants abandonnés de Florence. C'est donc aussi le tout premier batiment public de style renaissance. En ce début de Quattrocento, la corporation de la Soie a pris le pas sur la corporation de la Laine. Elle dispose donc de moyens financiers pour faire oeuvre d'utilité publique. La commande a été faite en 1419. Brunelleschi en a établi l'ensemble des plans, mais il n'achèvera que la partie inférieure de la façade.  il commence les travaux en 1424. Puis, pris par d'autres tâches , il passera le flambeau à son assistant Franscesco della Luna, tout en en assurant encore la supervision. Francesco della Luna poursuivra avec la construction du second étage de la façade puis les cours et batiments intérieurs. L'ensemble sera terminé en 1445, soit un an après la mort de Brunelleschi.

Les colonnes de la loggia de la façade et des cours, ainsi que les pilastres et encadrements de portes et fenêtres sont en pietra serena, un grès gris-bleu qui provenait ds carrières de Fiesole, de moindre dureté que la pietra forte qui composait la majorité des édifices publics jusque là, comme le Palazzo Vecchio, et plus facile à modeler et surtout moins cher que le marbre. Brunelleschi fut le premier à l'utiliser de manière intensive dans ses architectures.

La loggia intègre des éléments inspirés de l'architecture gréco-romaine antique et des éléments médiévaux. Elle est composée de neuf arches en pietra serena, aux colonnes terminées par des chapiteaux corinthiens, ouvrant sur neuf travées aux plafonds arrondis rappelant l'architecture romane. Les neufs travées sont autant d'espaces cubiques, dont la hauteur des colonnes sert d'unité. La simplicité des formes, le modernisme, l'utilisation de la perspective pour ouvrir l'espace, la légèreté des matériaux sont toutes des trouvailles de Brunelleschi, qui en font un des plus grands architectes de l'Histoire. Les arcs séparant chaque travée sont un peu plus long que les arcs faisant face à la place. De ce fait les arcs collés aux façades sont un peu plus bas, créant une fausse perspective donnant l'impression d'une plus grande profondeur. Ces trompe-l'oeil créés par les arcs est une constante chez Brunelleschi. L'intérieur de la chapelle des Pazzi à Santa Croce (voir ce chapitre) en est un des plus beaux exemples.

La description ci-dessous, très exhaustive, est entièrement reprise de l'article de Alessandra Cocchi, artiste et historienne d'art, qui a créé le site italien "Géométrie Fluide", un site participatif gratuit, ouvert à tous, pour y publier des articles relatifs à l'art et à l'histoire de l'art, toutes époques confondues : 

Filippo Brunelleschi. Lo Spedale degli Innocenti

Premier monument civil de la Renaissance, le Spedale degli Innocenti est un modèle architectural d'élégance, de proportion et d'harmonie.

Le premier exemple d'harmonie de la Renaissance

Construit entre 1419 et 1445 sur la base d'un projet de Filippo Brunelleschi, le Spedale degli Innocenti se dresse sur le côté droit de la Piazza Santissima Annunziata à Florence.  Par la nouveauté et l'originalité de sa construction, et par le patrimoine historique et artistique qu'il conserve, ce monument, premier exemple architectural de style Renaissance, est l'un des plus hauts symboles de la culture humaniste florentine.

Les éléments architecturaux sont le résultat de la fusion entre des modèles dérivés de l'architecture médiévale des XIe et XIIe siècles et des éléments appartenant à l'antiquité romaine. Toutes ces connaissances sont interprétées d'un point de vue très innovant et exprimées avec un goût typiquement florentin, avec cette empreinte particulière qui a rendu le style de Filippo Brunelleschi incomparable.

Les transformations que l'œuvre a subies au fil du temps révèlent son histoire et le travail des maîtres qui s'y sont consacrés. Brunelleschi suivit la construction jusqu'à l'achèvement du portique, puis, occupé par d'autres commandes importantes, laissa la suite à son collaborateur Francesco della Luna. Francesco continua les travaux jusqu'en 1445, avec plusieurs modifications par rapport au projet de Brunelleschi. D'autres changements importants furent réalisés en 1845 par l'architecte Leopoldo Pasqui.

Le Spedale degli Innocenti est né comme une œuvre publique et exerce encore aujourd'hui sa fonction civile : c'était un orphelinat qui accueillait les enfants abandonnés et c'est aujourd'hui encore une institution dédiée à l'enfance et à l'avenir de l'humanité.

 

Caractéristiques générales et aspect général

 

 

Vu de la place, le Spedale degli Innocenti a un développement horizontal et présente deux niveaux :

  • le rez-de-chaussée, avec la loggia Brunelleschi
  • le premier étage avec les fenêtres.

La loggia, surélevée au-dessus du niveau de la place par un escalier, est composée de neuf arcs en plein cintre, surmontés d'un entablement classique. Celles-ci sont soutenues par d'élégantes colonnes à fûts lisses, avec des chapiteaux composites munis d'un coussin. Aux deux extrémités, le portique est délimité par deux travées à pilastres cannelés qui encadrent deux entrées latérales. A droite du portique s'étend la partie terminale, ajoutée par Francesco della Luna lors de son intervention. Depuis là, on pouvait accéder directement aux chambres utilisées par les femmes qui vivaient à l'Hôpital. Aujourd'hui, il abrite les escaliers, les ascenseurs et des locaux du Musée.

La nature géométrique des formes est renforcée par les couleurs blanches et grises des matériaux. Pour limiter les coûts, Brunelleschi choisit la pietra serena grise pour les éléments architecturaux (colonnes, chapiteaux, entablements, arcs) et le plâtre blanc pour les murs. Le contraste chromatique élégant et clair entre le gris et le blanc deviendra sa signature stylistique : il sera également répété dans l'église de San Lorenzo, dans l'ancienne sacristie, dans la chapelle Pazzi et dans l'église de Santo Spirito, à Florence.

Dans les écoinçons entre une arche et la suivante se trouvent dix médaillons en céramique émaillée réalisés par Andrea della Robbia. Elles représentent des nouveau-nés emmaillotés, blancs sur fond bleu.

 

 

Brunelleschi n'avait pas prévu l'étage supérieur : le portique devait se terminer par un toit en saillie qui permettait de voir l'église à gauche et le dortoir à droite.

L'ensemble du deuxième niveau, avec une grande salle intérieure, est donc l'œuvre de Francesco della Luna. Sur la façade, un bandeau en pietra serena sépare le rez-de-chaussée du premier étage, créant une rupture avec le rythme continu des arcs et des colonnes. Le premier étage se prolonge par un mur lisse entrecoupé de fenêtres placées au centre de chaque arc.

Les fenêtres sont rectangulaires, avec des cadres simples et des tympans triangulaires en pietra serena. Tangent aux fenêtres, la corniche devient un long rebord qui relie harmonieusement toutes les fenêtres, soulignant le développement horizontal du bâtiment.

La vue de la façade montre le côté principal de l'œuvre réalisée par Brunelleschi, mais la construction est composée de plusieurs bâtiments répartis autour de deux cours intérieures et occupe une zone quadrangulaire. Au-dessous du rez-de-chaussée se trouvent les grandes pièces du sous-sol, tandis qu'au-dessus se trouve un troisième étage avec une galerie et une loggia.

 

Les innovations du style Brunelleschi.

Le Spedale degli Innocenti est la première œuvre architecturale complète de Brunelleschi, avec laquelle il a fondé le style florentin du XVe siècle.  Par rapport au style gothique, encore présent à Florence, l'architecte introduit d'importantes innovations dans le goût et dans la conception architecturale générale.

Le nouveau sens de l'harmonie et de l'élégance des formes, l'équilibre, la sobriété, les références à l'art classique et les nouveaux rapports proportionnels sont des nouvelles valeurs, différentes du gothique tardif.

 

Les innovations introduites par Brunelleschi sont :

  • le sens de l'équilibre, de l'harmonie et de l'élégance, typique de la vision de la Renaissance, expression du goût de la civilisation de l'humanisme.
  • la propension à la fonctionnalité.
  • son objectif final : la création d'une architecture à échelle humaine, mais dans cette œuvre spécifique il s'agissait aussi de créer une architecture à échelle infantile, puisque le Spedale était destiné à accueillir et à héberger les enfants abandonnés de la ville de Florence.

Ces valeurs sont obtenues surtout grâce à certains aspects architecturaux, caractéristiques du style Brunelleschi, visibles à travers l'observation du Spedale degli Innocenti :

  • Linéarité du design
  • Simplicité des formes
  • Renaissance d'éléments classiques
  • Légèreté et élasticité
  • Harmonie
  • Application de la perspective
  • Cohérence avec le contexte urbain

Les éléments du style de Brunelleschi


À gauche : statue du grand duc Ferdinand I Médicis, par Giambologna (Jean de Bologne) 1608

 

La linéarité du design

Le premier aspect stylistique que l'on remarque en observant le Spedale degli Innocenti est le design simple et linéaire de la façade. En regardant la façade du Spedale degli Innocenti, le contraste délicat entre les lignes grises des éléments et le blanc du plâtre rappelle un dessin tracé au crayon sur une feuille de papier. On dirait presque que Brunelleschi voulait que nous voyions son bâtiment comme un grand dessin en trois dimensions.   En fait,  les colonnes, les arcs, les cadres et les tympans des fenêtres sont faits de pietra serena grise. Ce sont toutes des pièces structurelles et elles ont toujours des formes géométriques essentielles : lignes droites, cercles, demi-cercles, triangles, rectangles.

 

La simplicité des formes

De la combinaison de ces formes et de leurs relations, le maître florentin a pu obtenir la beauté et l'élégance de son œuvre, en éliminant toute décoration inutile. Les formes géométriques, et les polygones réguliers en particulier, ont une beauté intemporelle : leur symétrie, leur régularité et leur rythme inspirent toujours douceur et sérénité. Nous ne savons pas exactement pourquoi, mais nous savons aujourd'hui que les formes géométriques simples sont celles qui sont les plus facilement perçues par l'œil, voire préférées par les enfants. Les formes géométriques nous paraissent belles en raison de leur simplicité.

La beauté des formes simples comme celles de la géométrie plane est l’une des valeurs esthétiques caractéristiques de l’art de la Renaissance. Elle est liée aux études de proportions classiques, mais aussi aux intérêts mathématiques que de nombreux artistes ont révélés depuis le Moyen Âge et au cours du XIVe siècle. On trouve de nombreuses références à la géométrie et aux mathématiques, par exemple dans les carnets de croquis dont parle Cennino Cennini dans son Livre sur la peinture, mais elles constituent aussi la base des œuvres d'Arnolfo di Cambio, de Giotto, de Simone Martini et de nombreux autres maîtres gothiques. Les mathématiques et la géométrie étaient des disciplines fondamentales dans la formation des artistes, à la base de toute œuvre, car elles impliquaient des concepts tels que la mesure, la proportion, la composition.

De plus, les formes géométriques sont toujours associées à des significations symboliques, notamment religieuses : par exemple, le demi-cercle est relié à la voûte céleste, au Royaume des Cieux, le carré fait référence à la vie terrestre, le triangle à la Trinité.

Pour ces raisons, l’utilisation de polygones réguliers au XVe siècle, comme par le passé, n’est jamais fortuite, tout comme le nombre auquel les formes ou les éléments sont associés n’est pas fortuite. D’autres artistes de la Renaissance continueront à se concentrer sur ces thèmes.

Dans la vision que nous pouvons avoir aujourd’hui, même si nous avons oublié la portée symbolique, les formes géométriques continuent de nous apparaître belles en vertu de leur simplicité. En regardant la façade du Spedale degli Innocenti, le contraste délicat entre les lignes grises des éléments de structure et le blanc du plâtre rappelle un dessin tracé au crayon sur une feuille de papier. On dirait presque que Brunelleschi voulait que nous voyions son bâtiment comme s’il s’agissait d’un dessin en trois dimensions.

 

Légèreté et élasticité

Un autre aspect qui donne de l'élégance à l'ensemble est la légèreté et l'élasticité des structures : les arcs en plein cintre sont larges et fins en épaisseur, réduisant le poids de la maçonnerie. De plus, les arcs ne reposent pas directement sur les chapiteaux des colonnes mais sont surélevés sur des pulvini, inspirés de l'architecture byzantine de Ravenne, obtenant une impression de plus grand élan. Par rapport aux originaux byzantins, les pulvini étudiés par Brunelleschi ont été réinventés et redessinés par l'artiste selon son projet, avec des formes plus simples et plus géométriques. Mais les pulvini ont aussi une fonction pratique précise : ce sont des éléments qui amortissent les poids et les tractions qui s'exercent sur les colonnes à cause des arcs et du poids de la maçonnerie. En canalisant toutes les poussées exactement sur l'axe central des colonnes, on évite qu’elle ne se fendent et s’écroulent.

Les colonnes corinthiennes sont apparentées aux colonnes classiques mais au lieu d'être imposantes comme dans les monuments romains, elles paraissent minces et élancées, transmettant une sensation de légèreté et d'élasticité.

Ainsi, le rez-de-chaussée du bâtiment, au lieu d'être un bloc compact et plein, est complètement évidé par le portique, comme s'il n'avait à supporter aucun poids.

Le niveau supérieur, visuellement coupé par le bandeau horizontal, paraît plus bas que le rez-de-chaussée et semble à peine reposer sur les arcs et les colonnes du portique.

Par conséquent, ce que l'on perçoit en observant le monument, c'est l'extraordinaire légèreté de l'ensemble, alors qu'il s'agit encore d'une construction en maçonnerie.

 

Le principe d'harmonie

L'harmonie générale et le sentiment de sérénité rationnelle sont transmis par la correspondance entre les parties, par les proportions et les distances calibrées des éléments. L'artiste a créé un jeu et une coordination entre eux, développant un rythme dans lequel le mouvement curviligne des arcs alterne, rebondissant sur les chapiteaux et se propageant horizontalement, comme l'indique la corniche en saillie entre les étages. Le rythme des arches, après la pause de la corniche, est repris par les notes claires et cristallines des frontons des fenêtres, selon une scansion se référant directement à une composition musicale.

Ce n’est pas non plus une coïncidence. L’étude de la musique était une autre des disciplines qui faisaient partie de la formation des artistes de la Renaissance.

L'application de la perspective et des proportions

Brunelleschi est considéré comme l'inventeur de la perspective linéaire, une méthode de représentation graphique, basée sur des règles géométriques et mathématiques, qui permettent d'obtenir l'impression d'un espace tridimensionnel dans une image bidimensionnelle (dessin ou peinture). La perspective était un formidable outil de conception qui pouvait être appliqué à tout type de projet d’architecture ou d’urbanisme. Brunelleschi en a fait un usage intensif dans tous ses projets, y compris le Spedale degli Innocenti.

Dans ce monument, le développement horizontal du bâtiment est contrebalancé par la perspective scalaire des étages, dégradant en hauteur de bas en haut. Brunelleschi a appliqué à sa construction le principe de perspective de l'illusion des distances et ce dispositif fait paraître le bâtiment plus haut et est perçu comme un organisme harmonieux.  L’impression visuelle devient donc plus importante que la taille réelle, car ce qui compte, c’est que le projet soit fonctionnel pour l’homme. Les mesures et les caractéristiques architecturales ne s'appliquent pas au bâtiment lui-même mais sont destinées à être appréciées et expérimentées par l'homme. Dans ce cas, notamment parce qu’il était destiné aux enfants, l’hôpital ne devait pas avoir une apparence imposante, mais plutôt offrir une image sereine, accueillante et détendue. Il était donc important que le lien avec la place se fasse sans créer un impact trop monumental et avec des proportions calculées selon une échelle adaptée à la communauté des enfants.

 

La relation cohérente avec le contexte urbain

Un autre élément important de l’œuvre et de la conception typique de la Renaissance est l’intention urbanistique. L’ensemble du travail de conception ne s’est pas limité à l’étude du bâtiment dans son ensemble. L'architecte a également pris soin de l'insérer dans l'environnement dans lequel il devait être construit, en occupant tout un côté de la Piazza Santissima Annunziata.  Brunelleschi, plutôt que d'imposer la masse fermée d'un palais donnant sur la place, crée l'insertion de sa construction de manière harmonieuse. Sans opposer l’espace plein d’un bloc architectural à l’espace vide de la place, il vide la masse du bâtiment grâce au portique, évitant le contraste marqué entre la masse pleine et solide de la construction et l’espace grand et vide de la place et créant une synthèse parfaite entre les deux entités.

En fait, la proportion entre le volume plein du bâtiment et le vide de la place se résout par la loggia, qui agit comme un filtre et permet une interpénétration équilibrée. Ainsi, la place et le bâtiment apparaissent parfaitement harmonisées l'une avec l'autre.

 

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Les principes sur lesquels Brunelleschi a basé la construction du Spedale degli Innocenti ont été suivis dans la conception de la place et de tous les autres bâtiments qui y ont été érigés. L'église de la Santissima Annunziata, commencée par Michelozzo et complétée par Leon Battista Alberti, possède un portique qui rappelle celui de Brunelleschi. Il en va de même pour le portique de l'église des Servi, conçu par Antonio da Sangallo l'Ancien.

La fonction

Destiné à accueillir les enfants abandonnés, le Spedale degli Innocenti de Florence est le premier orphelinat d'Europe ainsi que le premier édifice de style Renaissance.

 

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Pourquoi l'appelle-t-on « Hôpital des Innocents » ?

Le terme « spedale » au lieu de « ospedale » dérive de l'ancien nom en dialecte florentin, qui était utilisé pour indiquer un lieu d'accueil, les « Innocenti » étaient les nouveau-nés abandonnés.

Sa fonction est indiquée dans les médaillons raffinés représentant des enfants emmaillotés, en céramique émaillée, réalisés par Andrea della Robbia en 1463.

L'idée de la construction est venue de Francesco di Marco Datini, un riche marchand de Prato qui a laissé mille florins à l’Ospedale de Santa Maria Nuova de Florence pour construire une structure capable de garantir l'abri, les soins et l'éducation des enfants abandonnés. L’Ospedale de Santa Maria Nuova était également le siège de l’Arte della Seta (corporation de la Soie et des Orfèvres), à laquelle Brunelleschi lui-même appartenait. La société a ensuite investi l'argent gagné en chargeant Brunelleschi de réaliser le projet. Bien qu'il s'agisse d'un legs important, l'architecte a néanmoins dû limiter les coûts de sa conception, en choisissant des matériaux adaptés mais pas trop chers. Pour les travaux de maçonnerie, il a utilisé des briques finies avec du plâtre blanc et pour les parties structurelles, il a choisi la pietra serena, beaucoup moins chère que le marbre.

A l'époque de Brunelleschi, on avait placé un bassin en pierre, une sorte de berceau placé à l'extrême droite du portique pour y déposer les enfants abandonnés qui étaient ensuite recueillis et soignés par les nourrices qui offraient leurs services dans l'institut. Le premier enfant recueilli s'appelait Agata Smeralda et fut déposé dans le bassin le 5 février 1445. Les nourrices étaient des femmes célibataires ou des mères célibataires accueillies avec leur enfant. Les garçons recevaient une éducation, apprenaient un métier, les filles apprenaient à tisser ou à faire des travaux ménagers, travaillant pour les familles riches de Florence. Elles recevaient une dot qui leur permettait de se marier ou d’entrer au couvent. Certains ont choisi de rester dans l’institution toute leur vie, pour s’occuper des enfants.

En 1660, le bassin de pierre fut remplacée par la Rota degli Esposti : une pierre tournante insérée dans une fenêtre en fer, qui resta en usage jusqu'en 1875, date à laquelle elle fut définitivement abandonnée. Mais l’institut a continué son travail d’accueil et d’éducation des enfants et des femmes.

 

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La Finestra ferrata
avec la Rota degli Esposti. 1660.

 

L'histoire de la construction

  • Les travaux furent commencés par Filippo Brunelleschi qui dirigea les travaux jusqu'en 1427, date du dernier versement.  Le projet remonte à 1419 et, selon les quelques informations disponibles, la première colonne de la loggia a été placée en 1421. Le maître a certainement exécuté le portique de la façade et établi le plan des deux bâtiments perpendiculaires à celle-ci, mais déjà en 1425, il a été rejoint par d'autres collaborateurs, car il était trop occupé par d'autres tâches, notamment par les travaux sur le Dôme de Santa Maria del Fiore à Florence même.
  • Diverses modifications et extensions ont eu lieu au cours des siècles, mais la documentation sur ces travaux et sur ceux qui les ont réalisés est incomplète et peu claire. Il est encore aujourd'hui très difficile d'identifier exactement toutes les parties qui étaient prévues dans le projet du maître florentin afin de les distinguer des ajouts ou des variations réalisés par d'autres.
  • Nous savons cependant qu'en 1427, Francesco della Luna, ami de Brunelleschi, fut nommé surintendant de la manufacture Innocenti. Francesco continua les travaux sous la direction du maître, puis en reprit la direction en 1436 et les termina en 1449. C'est lui qui construisit l'extrémité droite du portique, avec une travée aveugle dans laquelle se trouvait l'entrée de la zone des femmes.
  • En 1439, la façade au-dessus du portique fut achevée. Francesco della Luna a surélevé le sol avec les fenêtres au-dessus du portique avant pour obtenir un hall couvert utilisé comme salon pour les enfants. C'était un choix qui ne correspondait pas au projet de Brunelleschi où le portique devait au contraire se terminer au sommet par un auvent et permettre de voir les bâtiments les plus hauts de l'église à gauche et le dortoir à droite.
  • Le même architecte a créé la Cour des Hommes, la Cour des Femmes et la zone droite de l'Hôpital, avec des chambres destinées aux filles et aux femmes.
  • Avec toutes ces déviations par rapport au projet du maître, Francesco della Luna reçut plusieurs critiques de Brunelleschi : en ce qui concerne la façade, on observa l'absence de pilastres dans les deux ailes de l'étage supérieur, qui auraient continué de manière cohérente ceux du chevet, en corrigeant les différents espacements entre les neuf fenêtres centrales et les latérales. Dans la Cour des Hommes, Brunelleschi a trouvé une autre erreur dans l'architrave, qui n'était pas conforme au projet classique.
  • L'inauguration du Spedale degli Innocenti eut lieu lors d'une cérémonie solennelle le 11 avril 1445, tandis que l'église fut consacrée en 1451 par Saint Antonin, évêque de Florence.
  • En 1458-59, Giovanni di Francesco, élève d'Andrea del Castagno, peignit la fresque représentant le Père Éternel avec les saints martyrs innocents sur la porte de l'église.
  • Mais les travaux continuèrent : le Cour des Hommes fut achevée en 1470 par Stefano di Jacopo Rosselli, et décorée de gravures représentant les insignes de l'Arte della Seta. La galerie avec des fenêtres rectangulaires au-dessus de la loggia a également été ajoutée pour abriter les appartements du directeur de l’hopital et d'autres pièces à usage administratif.
  • En 1487, huit ronds en céramique émaillée blanche et bleue représentant des enfants emmaillotés, réalisés par Andrea della Robbia, furent insérés dans les écoinçons des arcs de la loggia.
  • En 1493, dans la Cour des Femmes, d'un côté du portique du premier étage, fut construit le Verone : une grande terrasse avec une loggia à piliers en briques servant de séchoir.
  • Au début du XVIIe siècle, l'hôpital s'enrichit d'œuvres commandées par la famille Médicis.
  • Parmi celles-ci se trouve le buste de François Ier de Médicis, réalisé par le sculpteur florentin Giovanni Battista Sermei et placé sous la loggia, sur le tympan de la Fenêtre de Fer.
  • Dans la lunette de la même fenêtre se trouve également une fresque du peintre florentin Bernardino Poccetti avec l'Allégorie célébrant François Ier en 1609.
  • Vers 1610, le vieux Bernardino Poccetti, en échange de l'hospitalité à l'hôpital, réalisa quelques fresques.  Sous le portique, il peint les fresques des deux lunettes des extrémités et de la voûte au-dessus de la porte principale. Sur le mur du fond du réfectoire des femmes, aujourd'hui appelé salle Poccetti, il peint le Massacre des Innocents et des scènes de la vie des nouveau-nés.
  • Sa fresque représentant la Dispute de sainte Catherine, dans la première salle, date de 1612.
  • En 1660, dans la partie nord du portique, on construisit la Rota, une pierre tournante insérée dans une fenêtre, qui servait à placer les nouveau-nés laissés à l'hôpital. La Rota a remplacé l'ancien berceau de pierre et est restée en activité pendant longtemps jusqu'à sa fermeture définitive en 1875 par une grille en fer. D'où le nom actuel de Fenêtre Ferrata. Autour de la fenêtre, dans la même année 1660, Agnolo Gori peint les Putti avec un parchemin.
  • En 1842, un tremblement de terre endommagea l'hôpital, endommageant notamment les colonnes du portique de Brunelleschi.
  • En 1845, l'architecte Leopoldo Pasqui se consacra à la restauration et à la consolidation des parties en ruine et dans les mêmes années, Gasparo Mantellini peignit une fresque représentant Jésus parmi les enfants, sur la porte de droite.
  • En 1875, à l'occasion de la fermeture de la Rota, une plaque fut apposée sur laquelle Isidoro del Lungo, écrivain et historien de la littérature, rappelant l'abandon des enfants, indiquait : « le refuge secret de la misère et de la culpabilité ».
  • Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'ingénieur et architecte Luigi Fusi a conçu et dirigé la transformation moderne de certaines chambres de l'hôpital pour les adapter aux nouveaux besoins d'hospitalité et d'assistance.
  • À partir de 1895, l'Institut décide d'utiliser le Verone comme espace de jeu pour les enfants et les nourrices.
  • Aujourd'hui, le Verone abrite le Caffè del Verone où vous pourrez admirer le panorama spectaculaire de la ville de Florence.

Modèles et innovation

En ce qui concerne les modèles d'inspiration, dans la conception du Spedale degli Innocenti de Florence, il semble que Filippo Brunelleschi se soit référé non seulement aux exemples de l'antiquité classique, mais aussi à ceux de la tradition toscane. Parmi ceux-ci :

  • les loggias et les arches, très présents dans la tradition florentine
  • les ordres classiques, notamment dans les colonnes
  • les travées et les corniches empruntées à l'Antiquité
  • le thème de l'édicule à tympan, dérivé des modèles romains
  • les voûtes en croisée d'ogives de tradition romane

 

La loggia et les arches

L'utilisation de loggias à arcs en plein cintre n'est pas nouvelle à Florence, l'exemple le plus direct étant offert par la Loggia della Signoria toute proche.

Il existe également un prototype de bâtiment hospitalier avec un portique extérieur voûté dans l'hôpital de Lastra a Signa, près de Florence, construit en 1411. Malgré l'apparente diversité, il existe quelques éléments communs entre la Loggia de Lastra a Signa et celle de Brunelleschi dans les arcs et dans les détails des voûtes, qui démontrent la connaissance directe de Brunelleschi.

Mais ce qui surprend le plus, c’est l’originalité et la liberté créative avec lesquelles Brunelleschi fusionne des éléments appartenant à des styles différents pour arriver à des résultats complètement nouveaux.

 

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Les arcs en plein cintre de la loggia de Brunelleschi ont un profil plat (partie interne) et non une section triangulaire comme dans la plupart des exemples gothiques. C'est parce qu'il s'agit d'archivoltes, c'est-à-dire de travées d'inspiration classique courbées en demi-cercle en forme d'arcs. L'idée semble s'inspirer du type d'arcs présents dans le baptistère de Florence.

Même l'architrave tangente aux arcs est une réinterprétation classique précise, caractérisée par des moulures inclinées.

Les travées définissent des espaces parfaitement cubiques, car elles ont les mêmes mesures en hauteur, largeur et profondeur. Cette mesure correspond également au fût des colonnes, et définit également le pas de l'intercolonnement, selon un principe de cohérence et de proportion parfaite. Cette solution est basée sur le principe du module.

 

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Les voûtes qui couvrent les travées à l'intérieur du portique ne sont plus celles en ogive du style gothique, mais sont des voûtes en voile, ainsi appelées en raison de leur ressemblance avec une voile carrée gonflée par le vent. La solution adoptée par Brunelleschi découle de l'étude des églises paléochrétiennes et byzantines, où l'on trouve ce type de plafond.

 

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Note personnelle : sur la photo ci-dessus, on voit clairement que les arcs en plein cintre séparant chacune des travées descendent légèrement plus bas côté mur que côté place. Les arcs accolés aux murs s'en trouvent légèrement plus bas que ceux situés entre les colonnes, créant un effet de perspective qui, en trompe-l'oeil, augmente l'impression de profondeur de chaque travée, qui occupe un volume parfaitement cubique, si on excepte les voûtes en voile.

 

Les colonnes et les chapiteaux

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Les colonnes elles-mêmes, les corbeaux et les chapiteaux composites sont également classiques, mais des pulvini sont insérés entre les chapiteaux et les impostes des arcs. Leur fonction est de surélever les ressorts des arches, d'amortir la poussée et de donner plus d'élan aux structures. Les pulvini, éléments typiques de l'architecture byzantine plutôt que romaine, ont été repris dans certaines églises romanes toscanes, comme l'église des Saints-Apôtres à Florence. Dans ce dernier cas, il s'agit d'une construction datant du Xe siècle, mais à l'époque de Brunelleschi, on pensait qu'il s'agissait d'une église paléochrétienne du IVe ou Ve siècle.

Un autre élément original est l’entablement (dans la Grèce antique : architrave s’appuyant sur les chapiteaux, frise et corniche) qui ne dérive pas d'exemples classiques mais du baptistère florentin de San Giovanni, un modèle très important pour Brunelleschi. De là, malgré les différences évidentes, dérivent également les élégantes fenêtres à édicule, dotées d'un tympan triangulaire.

La forme

Pour obtenir l’harmonie visuelle de la construction, Brunelleschi a appliqué le principe géométrique et mathématique des rapports modulaires. Chaque partie du bâtiment est en relation avec les autres et avec l'ensemble sur la base d'une unité de mesure constante. Reprenant un principe déjà utilisé dans le monde antique par les Grecs et les Romains, il identifie dans son ouvrage l'unité de mesure, appelée module, la faisant correspondre à la hauteur de la colonne, chapiteau compris. Le module mesurait dix bras florentins, correspondant à cinq mètres et 84 centimètres. La hauteur de la colonne (module) détermine alors toutes les autres mesures. Par exemple sur la façade :

  • la largeur de l'arc est égale à un module (ratio 1:1)
  • la profondeur des travées est égale à un module (rapport 1:1)
  • la hauteur des fenêtres est égale à un demi-module (rapport 1:2)
  • la hauteur totale du bâtiment est égale à trois modules (rapport 3:1)
  • la hauteur du sol jusqu'à l'extrémité de la corniche est égale à deux modules (rapport 2:1)
  • la hauteur du premier étage est égale à un module (rapport 1:1)

Cette règle essentielle et les relations simples qui se développent déterminent le sentiment d’équilibre et d’harmonie que nous pouvons percevoir en observant cette façade fascinante. Le même principe a été appliqué par Brunelleschi à l’ensemble du projet.

 

Le plan de la Spedale degli Innocenti

 

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Le plan de l'hôpital couvre une zone quadrangulaire en forme de trapèze rectangle. Les pièces du bâtiment sont disposées sur trois étages, dont le rez-de-chaussée est le principal. Les deux autres étages sont le sous-sol et l'étage supérieur.

Au rez-de-chaussée, toutes les pièces sont disposées autour de deux cours à portiques : une centrale, carrée, appelée Cour des Hommes, et une rectangulaire disposée longitudinalement, appelée Cour des Femmes.

En entrant par l'entrée principale située dans la loggia donnant sur la Piazza della Santissima Annunziata, vous vous trouvez dans le Cortile degli Uomini, conçu comme le point d'appui de toute la construction.

Perpendiculairement à la loggia de la façade se trouvent l'église, à gauche, et le dortoir des enfants, entre les deux cours. Le plan est complété par le Réfectoire, d'autres pièces et locaux de service qui constituent la partie habitable.

Au sous-sol se trouvent d'autres pièces, comme le réfectoire, les salles de classe où les enfants recevaient une éducation de base et les ateliers où ils apprenaient un métier.

À l'étage supérieur se trouve la Galerie avec une importante collection d'œuvres d'art.

 

Les espaces intérieurs aux différents étages

Tous les espaces du Spedale sont conçus pour être adaptés aux enfants : ils garantissent espace, confort et liberté de mouvement. Ils sont conçus pour accueillir leurs jeux et offrir un environnement paisible et rationnel. Le choix du module carré a été adopté par Brunelleschi pour obtenir des proportions simples et claires qui donnent lieu à des environnements rassurants et agréables. Un principe de liberté de parcours et de mouvements se manifeste dans la manière dont les différentes pièces sont reliées et dans les différentes entrées qui rendent les différentes zones du bâtiment indépendantes.

De tous ces points de vue, le projet de Brunelleschi est étonnamment moderne.

 

Le sous-sol

Au sous-sol se trouvent plusieurs pièces, dont des salles de classe où les enfants recevaient une éducation de base et des ateliers où ils apprenaient un métier.

Plusieurs salles sont aujourd'hui utilisées comme musée où sont exposés des objets et des œuvres d'art qui racontent l'histoire de l'Istituto degli Innocenti. Particulièrement beaux sont le Salon des entreprises, divisé en deux nefs avec des voûtes croisées sur des piliers quadrangulaires et décoré de fresques, et le Salon Borghini, de structures similaires et aujourd'hui utilisé pour des expositions d'art.

 

Le rez-de-chaussée

Au rez-de-chaussée se trouvent :

  • l'église de Santa Maria degli Innocenti
  • La Cour des Hommes
  • la salle de lecture
  • le réfectoire des hommes
  • Le dortoir des enfants
  • La Cour des Femmes
  • L'Espace Femmes
  • le réfectoire des femmes 

 

L'église de Santa Maria degli Innocenti

L’église située à droite et dotée d'une entrée indépendante. Il s'agit d'une salle unique, de plan rectangulaire et de développement longitudinal. Prévu dans le projet de Brunelleschi, il prend son aspect actuel en 1786 avec l'œuvre de Bernardo Fallani. À l'intérieur se trouvent des fresques et diverses œuvres de valeur.

 

La Cour des Hommes

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Francesco della Luna. Cour des hommes, 1419.

 

Au centre se trouve la Cour des Hommes, conçue comme le noyau architectural de l'ensemble du bâtiment et un espace de représentation institutionnelle encore utilisé aujourd'hui. De grande taille et de forme carrée, il a également été conçu pour offrir un espace de jeu aux enfants. Elle est présente dans le projet de Brunelleschi mais sa construction, qui a eu lieu entre 1439 et 1445, est de la responsabilité de Francesco della Luna, qui a réinterprété cette cour avec une certaine liberté par rapport au projet de Brunelleschi.

Cet espace dérive du cloître monastique mais équivaut aussi à la cour d'honneur des palais nobles de la Renaissance : un espace de représentation mais aussi de passage et de liaison du rez-de-chaussée à l'étage principal et à toutes les parties de l'édifice.

Une curiosité : Vasari dans sa Vie de Brunelleschi raconte que Brunelleschi, de retour de Milan, vérifia l'avancement des travaux au Spedale et, remarquant une erreur dans l'architrave, réprimanda sévèrement Francesco della Luna. Francesco s'était en effet inspiré de l'architrave du baptistère de San Giovanni, mais il ne savait pas que cet élément architectural était le seul détail du monument roman qui ne respectait pas les proportions classiques, comme le maître l'avait plutôt souligné en disant. « Il n’y a qu’une seule erreur dans ce bâtiment, et vous l’avez mise en œuvre. »

L'étage au-dessus du portique a été achevé par Stefano di Jacopo Rosselli, en 1470. Il correspond à la galerie couverte avec les pièces réservées à l'hôpital.  Toutes les surfaces murales présentent une décoration gravée avec des motifs géométriques qui rappellent et animent les formes architecturales. Les médaillons peints de putti classiques sont insérés dans les corbeaux entre un arc et le suivant. À l'étage supérieur, les sections murales entre les fenêtres sont décorées de simples cadres ovales contenant des armoiries et des symboles relatifs à la Guilde de la Soie.

À l'intérieur de la galerie, on peut encore voir la belle lunette en céramique émaillée blanche et bleue avec l'Annonciation, œuvre de l'atelier Della Robbia.

 

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La Cour des Hommes est précédée d'un étroit couloir auquel on accédait par la porte principale située au centre de la loggia. Le couloir est flanqué de part et d'autre de deux petites pièces carrées ; celle de droite est la salle Grazzini, où est aujourd'hui installée la salle immersive du Musée.

De l'autre côté de la cour, dans le prolongement du couloir d'entrée, il y a un second couloir qui mène à l’ancien Réfectoire des Hommes.

 

La salle de lecture

À côté de la Cour des Hommes se trouve l'ancienne salle de lecture, avec un plafond voûté et des fresques au plafond. Il est actuellement utilisé comme salle de réunion.

 

Le réfectoire des hommes

Le Réfectoire des Hommes abrite aujourd'hui les Archives Historiques, une autre des salles les plus prestigieuses du rez-de-chaussée. C'est un environnement évocateur avec des voûtes décorées de rosaces et de motifs végétaux classiques dans des tons délicats de jaune et de vert. Les archives conservent un important patrimoine historique : des milliers de documents sont catalogués concernant tous les enfants et les nourrices accueillis à l'Hôpital au cours des siècles, les travaux de construction, les contrats, les comptes, etc.

 

Le dortoir des enfants

Le dortoir des enfants est situé entre les deux cours, c'est une longue pièce rectangulaire avec un mur du fond légèrement concave. On pouvait y accéder directement depuis la loggia extérieure par la porte d'entrée située à l'extrémité droite.

Aujourd'hui, il s'appelle Salone Brunelleschi et est utilisé pour des conférences, des expositions, des concerts et des spectacles.

 

La Cour des Femmes

 

Cour des femmes

Francesco della Luna. Cour des femmes.

 

Par rapport à la Cour des Hommes, la Cour des Femmes a une apparence plus sobre et linéaire. Elle est différente dans sa forme et ses proportions : l'espace est plus étroit et se développe en longueur.

L'élégance simple des fines colonnes ioniques prévaut, se succédant dans une longue séquence rythmique, soutenant les arcs en plein cintre. L'effet de légèreté est accentué par la loggia de l'étage supérieur, avec de petites colonnes et un toit en pente, dont la saillie cache l'étage supérieur plus en retrait de la vue. Sous le portique, le plafond à voûtes croisées accompagne un agréable jeu de nuances entre ombre et lumière.

L'espace rectangulaire de la Cour des Femmes respecte des proportions précises : il correspond à cinq modules carrés (le côté long mesure cinq fois le côté court) entourés d'une élégante colonnade ionique à voûtes croisées. Il fait partie de la zone construite par Francesco della Luna. On y accédait en passant par l'extrémité droite du portique, avec l'entrée sur la place, qui menait au vestibule.  Aujourd'hui, un escalier menant aux étages supérieurs a été inséré dans le vestibule.

D'un côté de la loggia du premier étage se trouve la salle de séchage de Vérone.

 

Le réfectoire des femmes

À l'extrême droite du bâtiment se trouve l'ancien réfectoire des femmes, aujourd'hui appelé salle Poccetti, avec deux salles de service : le lavabo et l'anti-lavabo. Ce sont les pièces ajoutées par Bernardino Poccetti au XVIIe siècle. La salle, couverte d'une voûte en pavillon et voiles, abrite sur le mur du fond la fresque du Massacre des Innocents peinte par Poccetti.

Aujourd'hui, il est utilisé pour des conférences, des réunions et de petits événements.

 

Étage supérieur

 

La Galerie

À l'étage supérieur, au-dessus de la loggia Brunelleschi, se trouve la Galerie, construite entre 1436 et 1438 par Francesco della Luna. La prestigieuse collection d'art du Spedale a longtemps été hébergée ici. Il s'agit d'une pièce allongée et rectangulaire avec un plafond à poutres en bois. Les œuvres exposées sont des peintures, des tabernacles et des sculptures appartenant à l'Hôpital et provenant de l'Église de Santa Maria degli Innocenti.

 

Le Vérone

Au-dessus du portique du Cortile delle Donne se trouve une deuxième Loggia qui donne sur la ville de Florence. Il s'agit d'une grande terrasse avec une loggia à piliers en briques qui a été construite en 1493. Une partie de la Loggia est occupée par le Verone, l'ancienne salle de séchage où les nourrices étendaient leur linge pour le faire sécher.

Aujourd'hui se trouve ici le Caffè del Verone.

 

L'Hôpital des Innocents aujourd'hui

Le chef-d'œuvre de Brunelleschi continue aujourd'hui à conserver sa fonction sociale, notamment destinée aux enfants. L'Institut des Innocents, fondé au XVe siècle, est toujours actif et continue à œuvrer pour la promotion et la défense des droits de l'enfance et de l'adolescence, en collaboration avec le gouvernement italien, la région Toscane, la municipalité de Florence, avec l'UNICEF (Centre de recherche Innocenti) et d'autres organismes publics et privés au niveau local, régional, national et international.

L'institut remplit aujourd'hui trois fonctions importantes :

  • accueil, éducation et accompagnement des mères en difficulté et des enfants placés, à travers trois maisons familiales, deux crèches et un jardin d'enfants
  • l'activité d'étude et de recherche sur l'enfance et l'adolescence à travers un centre de documentation également relié à certains bureaux de l'UNICEF
  • la protection du patrimoine historique et artistique à travers le réaménagement et la promotion de l'Institut et de la culture de l'enfance. 

Le Spedale degli Innocenti est ouvert au public dans différents espaces, grâce à un travail de restauration soigné et à une adaptation fonctionnelle efficace conçue par Ipostudio de Florence. Parmi les espaces conçus par l'équipe d'architectes, on peut citer le Musée, situé au troisième étage, le Caffè del Verone, avec une vue panoramique sur la ville, la Bibliothèque, les Archives, la Salle de Conférence. L'institut est très actif et organise des événements culturels et des conférences. 

Pour accéder à la section ouverte au public, deux portes mobiles en bronze ont été réalisées, insérées dans les deux entrées latérales à droite du portique Brunelleschi. L'une d'elles mène au sous-sol d'où part le parcours de visite des espaces du musée. L'autre porte, au fond de l'aile droite, mène aux salles institutionnelles et représentatives et à d'autres salles reliées au musée.

 

Hôpital des Innocents
vue depuis la piazza della Santissima Annunziata
Statue de Ferdinand I Médicis - Giambologna 1608
Loggia - vue intérieure
Entrée vers la Cour des Hommes
  • Hôpital des Innocents
  • vue depuis la piazza della Santissima Annunziata
  • Statue de Ferdinand I Médicis - Giambologna 1608
  • Loggia - vue intérieure
  • Entrée vers la Cour des Hommes